"Aux Frontières du Virtuel" de Warren Blanchard (29 ans)



Je suis Carl Spencer, adolescent normal habitant à GreenHeart, quartier huppé situé au nord de Londres. Adepte de jeux vidéos, jamais je n'aurai imaginé un seul instant que cet univers aurait-eu envie de me tuer. Tout commença l'année dernière par un début de journée parfaitement normal, nous étions à l'aube d’Halloween, j'avais passé toute la nuit à finaliser mon costume zombiesque destiné à l'effrayante soirée de la peur qui fut organisée par mon bahut le ''Lockside London'' pour la cinquième année consécutive. Je me souviens avoir contemplé GreenHeart illuminé par ses réverbères et ses nombreuses décorations traditionnelles m'offrant une vision de tombée de flocons de lumière.

Frigorifié et exténué, je me plaçai rapidement sous les couvertures chaudes de mon lit sous lesquelles je m'endormis paisiblement, il était six heures du matin. Trois heures plus tard, l'arrivée amère de mon meilleur ami, Allan qui me défait brusquement des bras de Morphée, en ouvrant le volet laissant entrer une lumière indésirable pour mes yeux brûlés de fatigue avant d'ouvrir malicieusement la fenêtre et d'ôter mes couvertures. Le froid glacial anesthésiait mon envie de sommeil et déclenchait en moi, un levé excessif en direction de vêtements chaleureux.

Allan tentait une fine approche de corruption, en me complimentant sur la réussite de mon costume.

« Il est parfait ! » me disait-il en l'admirant.
« Merci ! » répondais-je poliment mais forcé.

Après le petit déjeuner d'ogre que je me suis enfilé et après une douche chaude, Allan me propose de sortir canarder les enfants du quartier de boules de neige. Rare bonne idée qu'il pouvait avoir, j'acceptais avec plaisir.

Contre toute attente, les enfants étaient plus nombreux que nous le pensions à l'origine. Allan et moi étions encerclés par ces marmots qui nous fustigeaient de boules de neiges. Soudain mon regard se posa sur un camion d'emménagement roulant prudemment sur la route enneigée et glissante puis instinctivement je fus attiré par la luxueuse berline noire aux vitres teintées qui suivait. Alors que la vitre côté conducteur se baisse légèrement, j'entrevois le regard sombre et glacial d'un homme qui sera le nouveau propriétaire de la maison au coin de la rue et se nomme Arthuro.

« Est-ce que tout va bien mec ? » me demandais Allan.

Inconsciemment j'ignorais Allan, les enfants continuaient de me prendre pour cible mais je me sentais comme dans la peau d'un sparring-partner, j'encaissais sans pouvoir répliquer.

Je ne voulais pas rester une minute de plus dehors, je m'empressais d'inviter Allan à venir déjeuner chez-moi, sachant qu'il adore la cuisine de ma mère.

La soirée de la peur approche, mon costume me va à la perfection quant à celui d'Allan, il ne lui correspond pas du tout, il avait concocté l'uniforme de Jason Vorhees mais avec son gabarit de crevette, ce n'était pas forcément le meilleur choix à faire. C'était hilarant mais je ne pouvais pas rire au risque de le blesser. Nous nous mettons en route pour la chasse aux bonbons.

Excellente récolte pour ce début de traditionnelle chasse aux friandises auprès du voisinage. Nos sacs sont déjà à moitié remplis de sucreries, les habitants de GreenHeart sont généreux et mon costume est fortement complimenté. Tout allait pour le mieux lorsque je m'aperçois que nous nous approchons de la maison de l'homme au regard de givre, rapidement les questions fusent dans mon cerveau...S'agit-il d'un sociopathe dégénéré ? S'ensuivaient d’autres questions équivalentes. J'essayais de trouver une échappatoire en demandant si nous devions faire toutes les maisons...

« Faire GreenHeart entièrement c'est notre règle ! » me rappelait-il.

La paranoïa prenait le contrôle de mon esprit mais je devais la surmonter afin d'éviter de refuser cette maison et ainsi éviter les foudres moqueuses d'Allan. À contre cœur, je le suis jusque chez le nouvel arrivant où toutes les pièces inférieurs sont éclairées.

« Des friandises ou une malédiction s'abattra sur vous ! » s’exclamait Allan en sonnant.

Tout était tellement calme, que je fus brusquement surpris par l'ouverture agressive de la porte. La lumière du couloir me permettait d'entrevoir de nombreux cartons en pagailles signifiant que l'emménagement était loin d'être terminé. Puis se montrant, certainement l'homme mystérieux, portant un costume incroyable étant un mixte de créatures reptiliennes avec un corps recouvert de magnifiques écailles colorées, des yeux de serpents aussi vrais que nature, une horrible langue fendue en terminant par une masse musculaire impressionnante. J'étais impressionné, il avait l'air d'un mutant.

« Monsieur votre costume est magistral » disais-je à l'homme.

Se contentant simplement de verser quelques friandises dans le sac d'Allan, le reptilien me faisait signe de tendre le miens qu'il remplit et y glisse un objet que je m'accapare aussitôt pour le découvrir et remarquait qu'il s'agissait d'un jeu vidéo intitulé ''Halloween Game'' que je ne connaissais absolument pas. Je tenais à remercier l'homme mais il referma aussitôt la porte.

D'un seul coup, étrangement je me sens attiré par ce jeu, j'avais qu'une seule envie, c'était d'y jouer. « Désolé Allan mais je n'irais pas à la soirée ! » disais-je excentriquement.

Démarrant en trombe, je rejoins ma chambre à toute vitesse, les chevilles engourdies et trempées par la neige ayant transpercée le bas de mon pantalon. J'entendis Allan arrivé à son tour, respirant comme un bœuf d'avoir couru autant et aussi vite. Il me parlait mais je ne l'écoutais pas, j'étais trop concentré a installer ''Halloween Game ''. Anormalement des secousses se font ressentir, transformant ma chambre en chantier, les lumières clignotaient étrangement puis tout s'arrête, la lumière se rallume, je découvre ma chambre soigneusement rangée et la non-présence d'Allan qui avait certainement dû fuir lâchement.

Silence absolu pendant quelques courts instants, jusqu'à ce qu'il soit interrompu par des grognements bestiaux survenant du couloir.

« Allan est-ce que c'est toi ? » demandais-je avec une once de frayeur.

Les grognements persistaient, j'en avais la chair de poule mais je devais nourrir ma curiosité alors je saisis avec poigne ma batte de base-ball disposée près du lit puis j'ouvris la porte, prêt a frapper à la moindre menace mais étrangement les grognements se sont estompés. Je ne détecte rien dans ce couloir plongé dans le noir total.

« Y a t-il quelqu'un ? » demandais-je angoissé.

Soudain les grognements refont surface, interdiction de tourner le dos à la situation malgré que je pense qu'il s'agissait d'une vulgaire blague d’Halloween jusqu'à ce que j’aperçoive au bout de ce long couloir sombre, six yeux rouges maléfiques me fixant rageusement et accompagnés de grognements s'intensifiant excessivement. Immédiatement j'allume le flash de mon smartphone qui me permet de découvrir un rottweiler massif possédant trois têtes, chacune munie d'un stock impressionnant de dents aiguisées.

« Gentil le chien ! » m'exclamais-je effrayé.

Les nombreuses pincettes douloureuses que je m'infligeais me montraient que ce n'était pas un mauvais rêve. Figé face à son regard monstrueux, j'analysais instinctivement pour démasquer le moment de son attaque, dès lors je le vois foncer droit vers moi, projetant des filets de bave contre les murs. Au moment adéquate, je m'écarte de son chemin et l'enferme dans ma chambre qu'il prend un malin plaisir à saccager. Je devais quittais cette maison cauchemardesque.

Ayant rejoint la rue, je constatais que rien n’avait changé sauf les disparitions des décorations qui rendaient GreenHeart si élégant. Aucune présence aux alentours, sur le sol enneigé je ne distinguais aucune trace quelconque de pas ou de roues. Subitement des voix maléfiques s'adressent à moi...

« Ton âme sera notre ! » me disaient-elles. « Tu ne pourras pas nous fuir ! » poursuivaient-elles. Tel un film horrifique, d'abominables créatures sortirent des maisons. Je parvenais finalement à savoir où étaient passées les décorations. Des hommes avec des têtes de citrouilles armés de couteaux tranchants déferlèrent accompagnés de squelettes pirates épineux munis de haches et de sabres suivis par une horde d'araignées géantes. La seule idée qui me traversait était de retrouver la personne qui m'avait offert ce maudit jeu qui était la cause de cet enfer.

Atteignant mon premier objectif, je sonnai à la porte du reptilien et là je suis reçus par l'éblouissante Emma, adolescente au physique de rêve, aux longs cheveux blonds et lisse et des yeux bleus océans dans lesquels je me noyais. J'en oubliais le chaos autour alors que sa douce voix me titilla agréablement les tympans.

« Bonsoir jeune homme, nous attendions impatiemment ta venue » s'exclamait-elle envers-moi.

Elle avait l'air si calme que j'en étais troublé mais à choisir entre les affreux et sa compagnie le choix était vite fait.

Ayant franchit le seuil de cette demeure, j'étais loin d'imaginer de découvrir une maison radicalement ordonnée, si propre, si bien rangée, comment-était ce possible ? Une heure auparavant j'avais entrevue des tonnes de cartons en pagaille dans le couloir, ce qui paraissait normal puisqu'ils ont emménagés seulement en fin de matinée, bref je ne vais pas m'attarder sur ce genre de détail loufoque. Autour d'un délicieux chocolat chaud, je discute avec Emma alors qu'étrangement aucune créature ne tente de pénétrer ici.

« Pardonnes-moi cette étrange question, mais te rends-tu comptes de la situation ? » demandais-je.
« Le plus approprié serai de savoir si tu connais la raison pour laquelle tu es ici ? » me répondais Emma soucieuse.

Il semblait qu'elle savait des choses que j'ignorais. Il me fallait des explications.

« J'ignore pourquoi je suis la proie de créatures effrayantes mais je sens que tu as les réponses que je cherche » répliquais-je.

« Seul mon père pourra éclairer ta lanterne » me confirma-t-elle.

« Est-ce que ton père est responsable de cette situation ? Car j'ai comme l'impression que tout a commencé suite à l'installation de ce maudit jeu ! » concluais-je.

« J'aimerais avant tout te prévenir de n'avoir aucune crainte en rencontrant mon père ! » m'annonça Emma inquiète.

J'entendis provenir de la pièce voisine, le son rapprochant de marches grinçantes d'un escalier, signifiant que quelqu'un de poids assez imposant les descendais. Détournant mon regard je distingue l'arrivée peu orthodoxe d'Arthuro toujours costumé. Je remarque également dans sa main droite, une souris blanche qu'il ingurgite tel un serpent dévore sa proie. Ses yeux sournois se dilatant de façon à exprimer sa délectation. Sûrement un simple tour de passe-passe en coordination avec son déguisement. Il s'approche de moi pour me serrer la main.

« N'ai aucune crainte, je ne te veux aucun mal Carl » me disais Arthuro.

Au contact de sa main, je sentais une peau froide et humide sous laquelle était légèrement divulguée une fine substance gluante parfaitement en adéquation avec la peau d'un réel serpent.

« Cette peau étrange et cette ingurgitation de souris que je pensais fictive, était réelle, vous-êtes un monstre ? » m'exclamais-je affolé.

Emma s'empressait de tenter de me rassurer.

« Pas de panique Carl, ici tu es en sécurité ! » me disait Emma rassurante.

 Prit d'affolement, je me précipitais vers la porte principale, que j'ouvris précipitamment avant d'être violemment projeté au sol par un homme citrouille qui était posté juste devant l'entrée. Toujours au sol, je vois Arthuro cracher un jet acide dans la tête de la créature qui éclata immédiatement, repeignant le couloir de concentré de citrouille en guise de sang.

Arthuro m'aide à me relever pendant qu'Emma referme vite la porte. Je me rendis rapidement compte, que j'étais réellement en sécurité entre ces murs. Arthuro me dévoile alors un sombre secret concernant ce jeu vidéo démoniaque.

Au fil de la discussion, j'apprenais que mon passé glorieux de champion de jeux vidéos que j'ai facilement remporté lors des trois derniers tournois mondial était la cause primaire de mon obtention de ce jeu. J'étais simplement devenu l'élu du prisonnier de la partie précédente.

« Ma fille était comme toi, une véritable adepte de jeux vidéos, ce qui lui a valut de recevoir en cadeau ce jeu infernal, à travers lequel je suis parvenu a prendre sa place pour lui sauver la vie... » me raconta Arthuro.

Je ressentais au fond de moi, une sensation de désolation. Jamais je ne me serais douté qu'il avait sacrifié sa vie pour sauver sa fille de cette emprise cauchemardesque. J'apprenais également qu’Arthuro était condamné à garder cette apparence tant que le jeu ne sera pas terminé. Et quant à l'homme quant au conducteur de la berline noire, il s'agissait simplement d'une métamorphose temporaire d'Arthuro comme peuvent faire les caméléons pour se fondre dans le décor.

« Aujourd'hui tu es notre seul espoir ! » m'annonça Arthuro.

Je devais absolument faire honneur à ma réputation et nous sauver de ce chaos. L'objectif est de nettoyer la ville de la totalité de ces créatures envahissantes. Interdiction de laisser un survivant sinon nous serions condamnés. S'armant d’armes futuristes détenues par Arthuro, nous nous apprêtions à entrer en guerre contre un univers aux frontières du virtuel.

Moi je possédais un fusil d'assaut projetant des rayons lasers aussi brûlant que de la lave ainsi que deux revolvers capable de geler un éléphant en moins de dix secondes puis je m'étais approprié une armure de protection comme les élites des S.W.A.T. Quant à Emma elle était super belle dans son armure légère de chevalière armée d'une longue épée électrique. Pour terminer Arthuro ne possédait aucune arme particulière, excepté qu'il avait une force herculéenne et des aptitudes hors-normes suite à sa métamorphose. Nous sortons de la maison et découvrons étrangement le quartier vide, une nouvelle fois, aucune trace sur le sol enneigé. Nous nous élançons dans un sprint jusqu'au milieu de la route et nous attendons prudemment.

« Où êtes-vous monstres abominables ? Montrez-vous !!! » criais-je de toutes mes forces.

Et là c'est l'apocalypse des monstres, ils arrivèrent de tous les côtés, nous luttions comme des bêtes et parvenions à prendre le dessus malgré notre infériorité numérique, mais les vagues de créatures subvenaient de plus en plus, cela semblait ne jamais se finir jusqu'à ce qu'ils se figent tous autant qu'ils sont. Il y avait une trentaine d'araignées géantes, une vingtaine d'hommes citrouilles et des dizaines de squelette pirates épineux. La neige se met à fondre étrangement.

« Que se passe t-il encore ? » demandais-je extrêmement inquiet.

Les créatures entrent en lévitation avant de se rapprocher instantanément de façon à fusionner. Créant un monstre énorme mesurant une dizaine de mètres, ayant l'aspect d'une araignée squelette. Elle détruit quelques maisons autour via des jets de citrouilles explosives.

« Vu l'ampleur de la situation, il semblerait que nous soyons au boss final ! » criais-je.

Comme dans la majorité des jeux vidéos, il fallait absolument trouver le point faible de ce monstre. Analyser ses attaques était la première option envisageable, elle ne se faisait pas prier pour attaquer avec des tissages épineux que nous esquivions et subitement, je parviens à distinguer un rubis incrusté dans son abdomen osseux. Ai-je découvert son point faible, nous allons très vite le savoir. Mince mon fusil est complètement à sec et il ne me reste plus qu'une décharge de givre dans un revolver. Je voyais Arthuro assigner de puissants coups dans les pattes de l'araignée qui ne semble pas atteinte et là, j'ai un déclic...

« Arthuro prépare toi à frapper de toutes tes forces » criais-je à Arthuro.

J'utilise ma dernière décharge de givre sur la patte avant de l'araignée qui se gèle instantanément, Arthuro de toutes ses forces brise la patte givrée, faisant chuter brutalement l'arachnide ensuite je m'empare puissamment de l'épée d'Emma avec laquelle je cours aussi vite que le peux pour me placer sous l'abdomen arachnéen.

« Game over » disais-je héroïquement.

Avant de planter rageusement l'épée dans le rubis qui se brise, déclenchant une explosion de lumière blanche éblouissante.

Bizarrement je me réveille dans mon lit, je redécouvre ma chambre telle que je l'avais laissé après avoir terminé mon costume zombiesque. Tout ceci n'était qu'un mauvais rêve. Je descendais et découvris ma mère installée paisiblement devant la télé du salon. La sonnette retentit, je vais ouvrir et je découvre Emma...

« Bonjour Carl, je viens de recevoir Halloween Game 2, souhaiterais-tu faire une partie ? » Je sentis en moi monter une certaine adrénaline qui m'incitait à répondre oui.


FIN

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